Initiative populaire citoyenneté des étrangers·ères

Etrangers·ères de Genève

Mêlez-vous de ce qui vous regarde

Printemps 2022 des droits politiques

Le 31 mars, à l’orée du printemps, un évènement qu’on n’attendait plus est venu bousculer le ronronnement institutionnel genevois. En lointain écho des bouleversements géopolitiques déclenchés par l’invasion de l’Ukraine et des premières arrivées de réfugiés en provenance de l’Est européen, un collectif de partis, syndicats et associations présentait à la presse[1] le résultat du travail entamé depuis quelques mois, l’initiative populaire intitulée :

Une vie ICI, une voix ICI

RENFORÇONS LA DEMOCRATIE

Appel à signatures

Merci d’avance à qui s’offre à participer à la campagne de signatures en retirant la feuille nécessaire ici pour l’initiative. Il suffit de l’imprimer (recto/verso pour inclure l’argumentaire) et la faire signer autour de soi à des électrices ou électeurs ayant le droit de vote dans le canton de Genève, puis la faire parvenir dans les délais (bien avant le dépôt ultime fixé au 2 août) à l’adresse postale de DPGE indiquée sur le bulletin. Au verso, un argumentaire succinct peut aider pour convaincre voire pousser d’autres personnes à diffuser. Pour les étrangers désireux d’appuyer cette initiative malgré l’interdit actuel de signature d’initiatives cantonales, le collectif unitaire a prévu une pétition à laquelle ils peuvent s’associer sans risque d’invalidation de leur sceau, et qui sera remise concurremment au Grand Conseil. On peut la télécharger ici pour la pétition

Vengeance des retoqués

Le collectif à l’origine de la présente initiative a été regroupé à l’instigation de députés désireux de venger le camouflet qui leur avait été infligé au Grand Conseil il y a exactement un an, le 28 mars 2021, en retoquant d’une voix un projet de loi pourtant longuement mûri depuis son dépôt en février 2019, puis dûment approuvé en novembre par la commission des droits politiques du même Grand Conseil[2]. Il comprend les associatifs tels que DPGE ayant œuvré dès l’origine en soutien de ce projet et espéré le voir franchir le débat en plénière dès les premières séances début 2020. C’était sans compter sur les effets dilatoires d’urgences sanitaires qui vinrent au secours de ceux pour qui les démocratiques n’auront jamais priorité sur l’ordre du jour. Il fallut donc patienter un an pour subir, malgré le brillant exercice du rapporteur de majorité Jean-Marc Guinchard remplaçant sa très regrettée colistière Anne-Marie von Arx-Vernon, l’affront du refus d’entrée en matière par la coalition des droites avec une brochette d’hésitants centristes, confortées par l’inattendue recommandation d’un Conseil d’Etat pourtant à la veille d’en finir avec Pierre Maudet. Les retoqués du jour se concertèrent et durent attendre le recul de la pandémie pour, augmentés des syndicats favorables aux extensions proposées, forts de l’appui des communautés étrangères impatientes de les voir aboutir, mettre en branle l’initiative populaire reprenant sous le nouvel emblème « Une vie ICI, une voix ICI » les termes du projet. L’élan de ses promoteurs, certes entravé de deux ans, n’aura pas faibli et se concentre dès lors sur la collecte des près de dix mille signatures de citoyennes et citoyens genevois pourvus de droits politiques cantonaux nécessaires. Au 2 août, on saura si et de combien l’affront subi aura été vengé.

Parole au peuple

S’agissant d’un projet redéfinissant les titulaires des droits politiques, et donc la constitution cantonale, c’eût été, projet de loi ou initiative, au peuple d’en trancher souverainement en votation populaire. En l’occurrence, les 88’506 citoyens communaux dépourvus de passeport helvétique[3] ne sont pas appelés à décider de l’élargissement de leurs propres droits aux affaires et instances cantonales. C’est pourquoi nous appelons avec les initiants à faire massivement signer une pétition au Grand Conseil simultanément à l’initiative. Ainsi, les étrangères et étrangers  auront au moins le moyen détourné de s’exprimer par une voie parallèle à l’officielle sur le même sujet que nos compatriotes, et faire entendre leur voix aux autorités du canton, fût-ce de manière encore consultative. C’est pourquoi le titre de la présente les invite à se mêler de « ce qui les regarde ». Cette césure sur base de passeport dans la citoyenneté genevoise sera enfin appelée à disparaître en cas de succès de l’initiative.

Rendez-vous à l’automne

Nous espérons vivement dans un succès de cette campagne de signatures propre à démentir le pessimisme de celles et ceux qui font profession de douter de la maturité du peuple de Genève et pensent que la médecine des améliorations démocratiques est à faire passer à ce dernier par petites doses insensibles comme on enrobe de sucre une potion médicamenteuse amère aux bébés. Les expériences de citoyenneté divorcée des exigences de la nationalité ont déjà été faites dans toutes nos communes, il n’y a aucune raison d’hésiter encore devant ce palier naturel de la vie commune dans notre canton, et d’infantiliser plus longtemps encore notre population. Nous sommes décidés à en découdre dans la campagne qui s’ouvrira à l‘automne.

Nous poursuivrons dans la mise sur pied d’un comité unitaire de campagne avec toutes les forces sociales qui nous auront secondés dans nos efforts d’ici l’été. Leur aide à toutes nous sera précieuse pour traverser avec l’enthousiasme démocratique des genevois ce dernier gué nous séparant d’une Genève exemplaire rayonnant enfin en Romandie, en Suisse et à l’international, pour avoir aligné son sens démocratique sur sa réalité pluriculturelle.

Pour DPGE, Dario CIPRUT, président honoraire.
Genève, le 9 avril 2022, mis à jour le 29 mai.


[1] Voir le compte rendu de la Tribune , du Courrier et l’intervention de DPGE.

[2] Nous renvoyons à l’article qui en traite en ces même pages ici.

[3] Il s’agit des chiffres des dernières élections municipales de 2020

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